« Comment faire pour que cela marche ? »

Susan Watkins

Avant d’arriver au premier atelier, j’avais lu différents articles sur Internet pour tenter de comprendre ce qu’on entendait par « capitalisation des expériences ». J’ai tout de suite compris ce que cela apporterait de positif à mon organisation.

Par la suite, j’ai pu expliquer à tous les membres de l’équipe le concept fondamental de la capitalisation des expériences et l’avantage qu’il pourrait avoir pour Canadian Feed The Children. Après cette formation, j’ai décidé que la prochaine étape serait de choisir les personnes susceptibles de m’aider à commencer à intégrer la capitalisation dans nos processus normaux de suivi et d’évaluation.

Les ateliers ont été couronnés de succès!

J’ai choisi les personnes que je jugeais les plus à même de faire ce travail de manière routinière et je leur ai demandé de tenter l’expérience et de tester cette nouvelle approche en matière de collecte de données qualitatives.

Nous sommes allés dans une de nos communautés, où nous avons interrogé un groupe de femmes bénéficiaires à propos de ce que Canadian Feed The Children avait fait pour leur donner accès à l’épargne et au crédit. Il est vraiment essentiel de comprendre les difficultés que rencontrent les femmes et la façon dont elles les surmontent pour améliorer l’efficacité de nos interventions. Nous avons demandé aux femmes en quoi consistait l’intervention et ce qui s’était passé par la suite. Nous leur avons demandé de réfléchir au sens de l’intervention et d’indiquer si l’intervention avait changé leur vie et, dans l’affirmative, en quoi elle avait changé leur vie.

Par la suite, nous avons écrit un article sur le déroulement du processus et nous avons découvert quelques aspects novateurs que nous pourrons réutiliser à l’avenir. Ces aspects ne sont pas totalement inattendus, mais je ne sais pas si quelqu’un a déjà pris la peine de les coucher sur le papier.

Institutionnalisation du processus

Les organisations ne peuvent pas toutes consacrer du temps à une formation complète. Je considère pourtant cette formation comme le point de départ de quelque chose de très important. Prendre du temps pour faire passer l’information en vaut la peine. C’est mieux d’apprendre par soi-même, certes, mais l’information de base peut être communiquée rapidement.

La capitalisation des expériences n’est pas foncièrement différente de l’approche que nous utilisons déjà pour la collecte de données quantitatives – nous posons des questions dans des groupes de consultation pour tenter d’obtenir un éventail d’informations. Selon moi, Canadian Feed The Children a assurément ces compétences, mais il nous est arrivé par le passé de recueillir beaucoup de données qualitatives dont nous ne savions pas trop que faire tant elles étaient abondantes et difficiles à analyser.

Désormais, grâce au processus de capitalisation des expériences, nous allons directement aux aspects fondamentaux de l’intervention, et nous n’avons plus à nous demander « Eh bien, que cela signifie-t-il ? », car c’est ce que nous disent les bénéficiaires ou les acteurs. Nous avons l’information, et c’est ce qui facilite le travail d’analyse. À l’avenir, j’aimerais que mon ONG utilise la capitalisation des expériences pour que nous puissions passer plus rapidement à l’étape suivante et partager ces expériences plus largement. De nombreuses organisations ont déjà fait des interventions dans le domaine de l’épargne et du crédit, et nous sommes tous en train d’apprendre. Chacun d’entre nous réfléchit à la façon de modifier les modèles disponibles pour mieux convenir à nos objectifs – certaines des idées qui jaillissent sont vraiment révolutionnaires et les approches qu’elles recèlent seraient je crois adoptées plus rapidement si elles étaient mieux promues.

La chance d’être le leader

Selon moi, ce sont les personnes qui assistent à ces formations qui sont la clé. Pour ma part, comme j’occupe des fonctions de responsable-praticien, je m’intéresse beaucoup au travail de terrain, et je suis très pragmatique. En tant que « leader », quand j’entends une idée ou que je vois quelque chose d’utile, je peux l’appliquer dans notre travail sur le terrain, en parler au bureau et y former le personnel. Les personnes plus versées dans l’action globale n’auront peut-être pas instinctivement l’idée d’adopter une nouvelle pratique en provenance directe du terrain.

Je compte parmi les cinq directeurs de pays sous la tutelle de la Direction générale. Je pense que les autres Bureaux de pays comprendront, comme moi, la valeur du processus de capitalisation des expériences. Pour institutionnaliser ce processus, j’aurai toutefois à convaincre la Direction que c’est le modèle que notre organisation devrait choisir et appliquer.

Je me rends compte que j’aurai aussi à mobiliser l’équipe de suivi et d’évaluation. Il arrive que des personnes ne voient pas la nécessité d’innover – car elles sont convaincues que leur approche est la plus intelligente et qu’il n’y a aucune raison d’en changer – mais la vie, c’est le changement et l’adaptation est une question de survie.

Je pense que nous pourrions envoyer une courte vidéo de formation aux autres Bureaux, qui pourraient ensuite poser des questions. Je serais à leur disposition pour répondre à leurs questions et leur donner des conseils. J’imagine très bien quelqu’un me dire : « Oh, j’ai vu ça dans la vidéo, de quoi s’agit-il ? ». En fait, les équipes pourraient se familiariser avec la capitalisation des expériences grâce au matériel de formation que le CTA a fourni, avant que nous passions à une formation formelle à l’échelle de l’organisation.

Une fois cela fait, je pense qu’il sera plus facile d’institutionnaliser le processus. Puis-je convaincre la Direction générale que c’est le modèle à utiliser ? Oui, ce ne devrait pas être si difficile. J’ai réussi à former toute l’équipe du programme : une cinquantaine de personnes ont compris ce que je tentais de leur expliquer en moins de deux heures.

 La voie à suivre ?

Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un changement radical par rapport à l’approche actuelle de Canadian Feed The Children. Selon moi, nous sommes bien placés pour nous engager dans la voie de la capitalisation des expériences. Les processus sont dynamiques et engageants, et améliorer ce que nous faisons déjà est une bonne base.

Les ateliers ont été couronnés de succès, et je pense que les idées qui en ont découlé sont les bonnes. Ceci étant, pour modifier des processus sur le plan institutionnel, il faut y aller progressivement, mais sans céder sur le fond : il est inconcevable qu’un tel changement s’impose du jour au lendemain, et la question à se poser en permanence est : « Quelles mesures prendre pour progresser ? ». Comme notre organisation est petite, j’ai de nombreuses casquettes ; être à la fois à la direction et sur le terrain est un atout majeur pour intégrer la capitalisation des expériences et l’appliquer.

 

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